Lausannensis

Lausannensis

L’usufruit du regard sur le paysage

Exposition Lausannensis du 14.05 au 29.06.2019

Galerie Univers : www.galerieunivers.ch

2016-2019

Je suis arrivé à Lausanne en 1986. Depuis lors j’observe la ville avec curiosité et attention. Tout au long de mes 25 années de carrière, j’ai consacré trois projets artistiques à la Ville de Lausanne.

Le premier, EAUX, Réflexion sur l’eau (1994 – 95) portait sur tout l’itinéraire des eaux de Lausanne depuis leur origine (Lac de Bret) jusqu’à la Station d’épuration à Vidy. J’ai utilisé comme objet symbolique les capes qui signalent les multiples réseaux sous terre.

Le deuxième, Allumons Lausanne! 127’444 bougies sous le signe du lien (2004 – 2006), était une sculpture sociale, œuvre d’art participative avec 1170 volontaires, qui a occupé pendant quelques heures toutes les rues du centre historique de Lausanne, entre la Place St François et la Place du Château.

Le troisième est le projet actuel: Lausannensis, l’usufruit du regard sur le paysage (2016 – 2019). Ce projet réunit deux de mes passions, la montagne et la ville. À Lausanne plusieurs aspects ont attiré mon attention : la proximité des montagnes (les jours clairs), des points de vue privilégiés (belvédères) à cause de la forte déclivité, des skylines très particuliers avec des bâtiments ou des architectes mémorables (Laverrière, Tschumi pour ne citer qu’eux) et en dernier lieu des arbres monumentaux. Très vite, une démarche s’est imposée : l’architecture comme contre-forme sur un paysage d’hiver (à cause de la luminosité très particulière). Le traitement de l’architecture se limite à quelques lignes maîtresses de chaque bâtiment, tandis que la montagne règne dans toute sa splendeur hivernale.

Un aspect inattendu et néanmoins très actuel, c’est celui de l’usufruit du paysage qui s’offre au regard; ou au contraire, densification des constructions oblige, celui du paysage qui se dérobe à nous, qui nous est soustrait. Un texte de Ramuz très connu évoque déjà ce problème dans le cas concret de la Place Sant François en 1930. A ce propos, dans les critères qui m’ont amené à choisir les points de vue, j’ai mis une très grande attention à prendre celui du piéton, c’est-à-dire celui de l’espace public, du plain-pied, de l’espace qui appartient à tous. Evitant les fenêtres ou les balcons privés, en hauteur, parce que ce n’est pas à la portée de tous.

Ce travail demande des recherches à deux niveaux : tout d’abord théorique (documentation sur l’architecture, dates, architectes, caractéristiques du bâtiment) ; ensuite sur le terrain, avec la recherche de points de vue originaux. Ce travail exige des errances dans la ville afin de repérer des points de vue surprenants sous l’aspect particulier d’une architecture face à la nature.

Muma
Lausanne, le 27 août 2018