Les Lumières de la Paix
Melun, Seine et Marne

Les Lumières de la Paix, Melun, le 8 septembre 2018

Célébration orphéonique
Direction Jean-Michel Despin
Chef de Chœur Jean Maumené
Scénographie et sculpture sociale Muma

On définit l’Histoire comme ce qui est digne d’être raconté. Ce sont les faits importants qui deviennent mémoire. Le vécu est volontairement omis pour des raisons d’objectivité. Cependant, dans le cœur de l’humanité, le vécu est toujours présent. Il reste ancré dans les recoins les plus secrets de l’être. C’est cela que j’appelle la pénombre de l’histoire.

Et, qu’est-ce que nous dit la pénombre de l’histoire ? Qu’est-ce qu’elle murmure à nos oreilles ? Qu’est-ce qu’elle ne susurrerait pas, entre chien et loup, si ces oreilles trop habituées aux majuscules, aux noms propres, aux concepts, elles n’étaient devenues presque sourdes ?

Cent ans se sont écoulés et quatre ou cinq générations se sont succédées. La résilience sociale a bien fait son travail et ces petites gens que nous sommes tous se sont reconstruites. Mais parfois, à l’heure bleue, on croit entendre au loin une plainte, un lamento, un silence lancinant qui vient de la pénombre c’est une voix anonyme, la voix d’une souffrance sans nom, la voix d’une solitude sans bornes, la voix d’une folie sans réponses, la voix d’un amoncellement de misères endurées.

Dans l’heure bleue, les bougies se veulent être une lueur, un frémissement vital, un souffle posé de celui qui sait que c’est fini, de celui qui voit les autres aussi respirer ce même calme, ce même soulagement ; de celui qui voit enfin un océan rassurant de flammes scintiller dans la nuit, dans un apaisement inattendu comme si un autre firmament descendait sur terre pacifiquement.

LGrande Symphonie funèbre et triomphale d’Hector Berlioz émerge là, au milieu des bougies, dans cette ambiance grave et émue, solennelle et profonde, portée par un immense orchestre d’harmonie et quelques centaines de choristes. Puis commence le deuxième mouvement, velouté et intime et ce chant de trombone qui effleure nos âmes. La nuit tombe. Le public allume à son tour les bougies qui bercent lentement ce chant grave. On en arrive à cacher les flammes avec le carton d’invitation pour n’éclairer que les visages, dans un moment crépusculaire, de solitude partagée. Puis, roulement de tambours  et trompettes, c’est la partie triomphale. Finalement le dernier mouvement arrive, le chœur se lève, bougies à la main, le publique lève aussi les flammes graduellement dans ce tutti final, marquant ainsi, en apothéose,  le triomphe de la vie.

Une sculpture sociale

Une sculpture sociale est une œuvre d’art participative dans laquelle  le lien humain est le matériau le plus important. Une sculpture sociale est un processus, une construction graduelle du sens, dans laquelle les éléments se mettent en place les uns après les autres. D’abord le territoire et l’histoire. Puis les directeurs d’orchestre d’harmonie, directeurs de chœur et le concept de l’artiste. Puis les répétitions tous azimuts et la recherche des volontaires pour allumer les bougies, c’est le territoire qui se met en branle. Enfin, les entrainements des allumeurs et les répétitions générales. Le tout se cristallise dans un moment magique de musique, chant et lumière qui donne du sens à cette énergie humaine mobilisée et qui va nourrir la mémoire collective pendant des années.

Avant-première, le 22 juin 2018 - Hôtel du Département, Melun

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